Cette rentrée sera mémorable, remplie d'incertitudes et de contraintes différentes. Mais elle sera belle, riche et révélatrice. Inspire et fonce!
À l'enseignante que j'ai été,
Respire. Prends le temps. Tout ira bien. Tout ne sera pas parfait, mais tout ira bien.
J'aurais aimé que quelqu'un me dise ces mots. Bon, peut-être que je prends pour acquis, à tort, que tous les jeunes enseignants sont nerveux à la rentrée. En tout cas, tous les enseignants sont au moins fébriles, non? Et la fébrilité, parfois, ça flirte drôlement avec l'anxiété et personnellement, ça transforme en tempête le torrent d'idées qui fourmillent dans ma tête. Je pense que c'est légitime, parce que les jeunes enseignants reçoivent leur contrat trop souvent à la dernière seconde et que, même sans être anxieux au départ, le cerveau humain a une légère tendance à avoir besoin de se préparer, de réfléchir, de prévoir et de s'organiser avant de se lancer dans un défi aussi grand.
Se préparer à la rentrée
Sur les réseaux sociaux, plusieurs enseignants partagent leurs lectures d'été, leurs projets de vacances et le temps qu'ils décident ou non de consacrer à la planification, par passion ou pour alléger la rentrée. Ces partages sont riches et très pertinents pour tous les enseignants qui ont envie, à plus ou moins grande échelle, d'y être exposés. Cependant, pour les enseignants précaires, tout ça rassemblé peut devenir un joyeux mélange explosif quand on ne sait pas encore à quel niveau, dans quelle école et à quel moment on devra se lancer. Et quand on connaît enfin la tâche qu'on occupera pour l'année à venir, parfois la veille de la rentrée, plusieurs émotions se bousculent : ce n'était peut-être ni le niveau choisi, ni l'école rêvée, ni la clientèle idéale, mais on a un emploi et on a une tonne de raisons d'être ravi - et intimidé.
D'abord, respire. Une chose à la fois.
Ensuite, respire encore. Tu n'as pas pris le temps de le faire, c'est évident.
Tu peux choisir d'attendre à la rentrée pour obtenir toutes les informations sur l'école, l'horaire et la tâche. Par contre, si tu es très stressé(e), n'hésite pas à consulter le site web de l'école, à parler à ta direction et à contacter quelques collègues. Surtout si, comme moi, tu as l'horaire des enfants à coller au tien.
Réfléchis à ton premier cours. Quelle activité aimerais-tu réaliser avec tes élèves afin de créer un lien, leur exposer ta personnalité et tes règles de classe? Est-ce que tu es à l'aise d'animer un jeu pour les faire parler ou préfères-tu les mettre à la tâche rapidement?
Planifie la première semaine, pas plus. Non, non, pas plus. Tu n'auras pas le temps de tout faire, alors concentre-toi sur les priorités. Réfléchis aux trois premiers cours : veux-tu faire un test diagnostic pour apprendre à connaître les compétences et les défis de tes élèves? As-tu un manuel ou un roman à leur présenter? Désires-tu te lancer dans une révision avant d'entamer le programme? Souhaites-tu enseigner ou animer une activité et observer les interactions en classe ou les mettre au travail individuellement pour les observer et prendre le temps de les rencontrer un à un?
Ne panique pas. Tu ne peux pas tout faire. Même si les premiers cours sont un peu chaotiques, mise sur l'instauration d'un lien avec les élèves et d'un climat de classe qui te convient. Les élèves doivent redémarrer leur cerveau, eux aussi. Ils apprécieront certainement que tu prennes le temps de t'intéresser à eux, de les écouter pour les connaître et de leur partager un peu de toi. Ils n'ont pas besoin d'être assommés par un(e) enseignant(e) qui les bombarde de notions pêle-mêle pour se donner la satisfaction d'enseigner quelque chose. Prends le temps de réfléchir à la ligne directrice que tu désires suivre par la suite.
Certes, tu pourrais choisir, dès la rentrée, de te lancer dans la planification de la première étape ou de ton année en entier, mais tu risquerais de paniquer. Si tu ne connais pas le programme du niveau auquel tu enseignes, tu peux certainement jeter un oeil à la progression des apprentissages. Tu le sais comme moi, c'est beaucoup d'informations à digérer en peu de temps et ça devient difficile d'organiser les savoirs en une séquence réaliste. Si tu n'as pas accès à tes collègues, sache que plusieurs enseignants partagent leur planification globale ou font des listes des savoirs essentiels à enseigner. Fais une petite recherche, tu trouveras facilement.
L'idée, c'est de prendre le temps. Passe à travers toutes les nouveautés liées à la rentrée, que ce soit les lieux, l'équipe, la direction, les règles, les réunions. Dépose-toi en classe et concentre-toi sur le lien avec les élèves. Les premiers jours sont cruciaux. Observe, partage, écoute, questionne, essaie et accepte de te tromper. Après deux ou trois cours, ton appréhension du début sera passée et tu auras une idée plus claire des forces et des défis de tes élèves, du climat de classe et des interactions à privilégier avec tes groupes. Tu auras eu la chance de rencontrer tes collègues et de consulter les manuels, cahiers ou romans qui sont disponibles. Ce sera alors le temps de planifier globalement ce que tu enseigneras à la première étape, en équipe ou seul(e), mais avec les données concrètes recueillies en contexte réel qui te permettront de moins t'éparpiller dans le flou de ton salon, à te ronger les sangs et à extrapoler sur une tâche ou une réalité dont tu ne sais presque rien.
Bref, les élèves ne connaissent pas plus le programme que toi. Ils iront où tu les mèneras, parce que tu auras su les amener à te faire confiance. Tu te sentiras en déséquilibre au début, et tous les enseignants passent par là. Ne t'en fais pas. Investis dans la relation avant de te lancer dans les notions. Ce sera payant pour la suite. Tu auras le temps, dans les semaines à venir, d'échanger régulièrement avec tes collègues pour réfléchir aux compétences à développer chez tes élèves et aux stratégies gagnantes pour les faire progresser en fonction des notions à enseigner.
Respire.
Bonne rentrée!
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