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Christine

LES ATELIERS D'ÉCRITURE AU SECONDAIRE - Mon expérience

Dernière mise à jour : 26 sept. 2020

Vous avez envie de vous lancer? Avec raison!



Quand on m’a présenté les ateliers d’écriture, je venais de choisir un contrat en 5e année dans une école déjà très avancée dans cette pratique. J’avais jusqu'alors enseigné à bien des clientèles au secondaire, tant en classe de français qu’en classe d’adaptation scolaire, mais je n’avais jamais eu à relever le défi d’être une titulaire de classe au primaire. J’ai donc rapidement été submergée par tous les rôles et toutes les tâches que je devais occuper de front, dans une école sans manuel et dans une classe sans pupitre, avec des élèves HDAA. Disons que mes conceptions de l'enseignement étaient bousculées. Les ateliers de lecture et d’écriture me semblaient intéressants, mais ils ajoutaient de grosses vagues salées au raz-de-marée qui menaçait franchement de me noyer durant les premières semaines.


Une fois la folie des nouveaux défis assumée et digérée, j’ai tenté de me coller aux pratiques pédagogiques de l’école et d’instaurer les ateliers d’écriture dans ma classe. Je me questionnais beaucoup par rapport à la quantité des écrits versus la qualité. Je ne comprenais pas comment le fait d’écrire beaucoup, sans rétroaction sur la langue, pouvait aider les élèves à développer leur compétence en écriture. Il va de soi qu'il s'agissait d'une fausse impression, mais elle me turlupinait parce que les élèves auxquels j’enseignais étaient très faibles en grammaire et en orthographe et que la prof de français en moi ne comprenait pas comment ils avaient pu se rendre en 5e année alors qu’ils écrivaient, pour certains, au son. J’ai vite réalisé que mes élèves, contrairement à tous ceux auxquels j’avais enseigné auparavant, ADORAIENT écrire. Malgré les difficultés, ces élèves avaient développé une passion pour l’écriture et se révélaient être de bons auteurs! Ils lisaient de tout, utilisaient des procédés d’écriture que mes élèves plus âgés ne connaissaient même pas et avaient des sujets plein la tête! J’étais subjuguée. Je devais continuer à attiser cette flamme tellement précieuse, tout en trouvant un équilibre avec l'enseignement du code qui me permettrait de les faire progresser pour la suite. Parce que dans ma tête rôdait toujours l’ombre menaçante de l’évaluation du MEES de 5e secondaire qu’il leur faudrait éventuellement réussir…


C’est quoi, la différence entre l’enseignement traditionnel de l’écriture et les ateliers d’écriture?


Je vais essayer d’être concise. L’enseignement traditionnel, pour ce que j’en connais, amène généralement l'enseignant à transmettre la théorie d’un type de texte ainsi que les procédés littéraires qu’on souhaite y trouver – et évaluer - et faire appliquer le tout aux élèves dans une tâche d’écriture. Pour ce faire, on décortique des textes modèles et on encadre les élèves à l’aide d’un plan et d’un sujet souvent obligatoire afin qu’ils puissent suivre la structure demandée. Il y a donc plusieurs cours de théorie, puis plusieurs cours de rédaction. La correction et la rétroaction de l’enseignant ont lieu lorsque l’élève aura remis sa version finale.


Les ateliers d’écriture, c’est diviser en mini-leçons l’enseignement du type de texte qu’on souhaite faire écrire aux élèves. C’est donner aux élèves les outils d’un auteur pour développer ses compétences en écriture, en misant davantage sur la créativité que sur la structure. Chaque mini-leçon est bâtie de façon à enseigner une stratégie précise, illustrée à l’aide d’un court texte modèle. Dans un même cours, les élèves vivront un bref enseignement suivi d’un modelage, écriront un texte – un nouveau ou une suite – tiré de leurs propres idées, liront des textes des autres élèves et recevront une rétroaction de la part d’un collègue. La rétroaction de l’enseignant(e) est plus fréquente, parce que pendant le temps d’écriture, il/elle peut prendre le temps de rencontrer les élèves afin de les questionner sur leur texte pour les amener plus loin et rétroagir fréquemment. À la demande de l’enseignant(e), c’est l’élève qui déterminera quel texte désire « publier », c’est-à-dire faire lire et corriger par l’enseignant(e).

*Je ne suis pas une experte des ateliers d’écriture – très loin de là! – , alors prenez le temps de vous référer à des ouvrages pertinents pour les découvrir. Ce que j’avance ici, ce sont mes impressions et mes expériences par rapport à cette pratique innovante et sincèrement étonnante dans mes classes de 5e secondaire.


Se lancer dans les ateliers d’écriture


Tout d’abord, il est essentiel de prendre une petite bouchée à la fois si vous avez envie de vous lancer. Je sais qu’il existe plusieurs manuels qui contiennent toutes les mini-leçons déjà construites et prêtes à être enseignées. Si vous avez envie de suivre la planification de ces outils, n’hésitez pas à consulter ces guides très complets. Il existe aussi des recueils de mini-leçons qui m’ont servi de source d’inspiration pour me faire ma propre idée de ce que pourraient être les ateliers d’écriture dans ma classe, selon mes valeurs et ma personnalité. Honnêtement, j’ai toujours eu du mal à m’approprier les documents ou les planifications des autres, alors j’aurais été fort malheureuse d’essayer de suivre des séquences préétablies et rigides. J’ai, dès le début, préféré me fier aux besoins que j’observais chez mes élèves pour planifier des mini-leçons pertinentes et signifiantes.


Planifier ses mini-leçons en fonction des besoins des élèves


Pour y arriver, je me suis posé la question suivante : quelles sont les compétences que je souhaite développer chez mes élèves? En réfléchissant à leurs difficultés principales lors de la tâche d’écriture – et aux miennes! – j’ai créé une petite liste regroupant les besoins facilement identifiables chez la plupart des auteurs, liste que je bonifie grâce à mes lectures sur le sujet et à ma pratique personnelle d’écriture. Même si j'enseigne désormais en 5e secondaire, les besoins de base demeurent similaires à ceux des élèves du primaire. Avec certains de mes groupes, je dois faire des boucles avec les notions de base, mais avec d'autres, je dois user de créativité pour les amener beaucoup plus loin.


Voici à quoi ressemble ma planification de base.





Cette année, toujours en 5e secondaire, je me lance en fonction des savoirs essentiels à enseigner. J’ai regroupé, dans un grand tableau, les savoirs essentiels de la progression des apprentissages en 5e secondaire, en fonction des types de textes à enseigner. À cela, j’ai collé les notions grammaticales pertinentes à revoir ou à enseigner, les lectures pertinentes à analyser lors des modelages et les mini-leçons qui me permettront de développer les compétences visées par les savoirs essentiels. Voici un exemple :


Une fois que j’ai identifié les thèmes des mini-leçons à enseigner, je farfouille dans certains ouvrages pour m’inspirer. Mes deux préférés pour le secondaire sont Les ateliers de lecture et d'écriture au quotidien de Nancie Atwell et 40 nouvelles mini-leçons efficaces pour enseigner l'écriture de Lori Jamison Rog.


Enfin, j’utilise ce type de canevas pour planifier mes mini-leçons et m'assurer d'avoir une séquence cohérente dans le temps. Voici, de façon très résumée, en quoi consistent les différents moments d'une mini-leçon.


L'introduction (2 minutes environ) a pour objectif de rappeler les compétences déjà travaillées chez les élèves pour activer leurs connaissances antérieures ou de présenter l'objectif de la mini-leçon du jour. L'enseignement (8 à 12 minutes environ) permet d'aborder une notion précise à l'aide d'exemple : le texte d'un élève, un texte qu'on a écrit pour l'occasion ou un texte modèle tiré d'un livre que les élèves pourraient apprécier. Viennent ensuite la pratique guidée (5 minutes) durant laquelle on peut prendre un moment pour écrire un bout de texte avec les élèves pour s'assurer qu'ils savent quoi faire, la pratique autonome (30 à 40 minutes selon le temps disponible), moment où on laisse le temps aux élèves d'écrire alors qu'on en profite pour circuler, questionner et encourager les élèves, et enfin, le retour (5 minutes), qui permet aux élèves de partager le fruit de leur travail afin de se valider auprès de leurs pairs. Pour chaque mini-leçon portant sur un même type d'écrit, les élèves ont le choix de continuer une rédaction ou d'en commencer une autre s'ils ont une meilleure idée.




Les principes de base qu'on doit enseigner aux élèves sont les suivants :

- on garde toutes nos précieuses idées dans un cahier et idéalement, on n'efface RIEN;

- un texte, ça se construit à l'infini ou jusqu'à ce qu'il illustre exactement en mots nos

pensées;

- on devrait écrire des textes qu'on aimerait lire;

- l'inspiration n'est jamais bien loin. Il faut se mettre en action.

À la façon de Nancie Atwell, j’essaierai cette année de donner deux cours d’ateliers d’écriture pour un cours d’ateliers de lecture. Je désire accorder plus de place à l’enseignement de la lecture chez mes élèves, parce que je désire qu’ils apprennent à se connaître comme lecteurs, qu’ils maintiennent ou développent leur motivation à lire au-delà des lectures obligatoires – pour le futur, aussi! – et qu’ils puissent réinvestir leurs connaissances dans leurs rédactions. Mais ce sera le sujet d'un autre billet!


N'hésitez pas à m'écrire pour des questions ou des commentaires! Et soyez indulgents; je vous rappelle que ce texte contient mon interprétation personnelle des ateliers d'écriture. À vous de trouver la vôtre!



 

Références :


Les ateliers de lecture et d'écriture au quotidien : Conseils et stratégies issus de plus de 40 ans d'expérience en enseignement de Nancie Atwell, paru chez La Chenelière Éducation en 2017.


40 nouvelles mini-leçons efficaces pour enseigner l'écriture de Lori Jamison Rog, paru chez La Chenelière Éducation en 2013.


L'atelier d'écriture : fondements et pratique de Lucy Calkins, paru chez La Chenelière Éducation en 2018.


Amanda Hartman, Lucy Calkins et Nancie Atwell sont des références incontournables si vous désirez lire sur le sujet.




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3 Comments


Julie Champoux
Julie Champoux
Sep 14, 2021

Un gros merci pour ce partage. Nouvellement CP au secondaire et anciennement enseignante du primaire, je suis ravie de voir le processus des ateliers d'écriture se concrétiser au secondaire. J'aimerais beaucoup échanger avec vous sur les ateliers ainsi que sur l'évaluation. J'ai lu vos autres billets et vos réflexions résument bien les miennes!

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Christine
Aug 30, 2020

Pour l'écriture automatique, les élèves doivent écrire tout ce qui leur passe par la tête, sans accorder de temps au code ou à la ponctuation. Ils doivent écrire sans s'arrêter pendant les 3 ou 4 minutes que je chronomètre (selon leur endurance). Ensuite, ils comptent le nombre de mots, pour le simple plaisir de voir à quel point ils peuvent écrire beaucoup en si peu de temps. Puis, ils surlignent une ou deux idées qu'ils aimeraient poursuivre. Certains remarquent que ce n'est pas concluant, d'autres oui. L'exercice est donc à ajouter, ou non, à leur liste de stratégies pour trouver des idées.

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Mylène Doiron Morin
Mylène Doiron Morin
Aug 27, 2020

Merci de partager votre expérience des ateliers d'écriture. C'est vraiment éclairant! Je tergiverse depuis l'an dernier, mais cette année est la bonne, je me lance dans cette aventure! Dans vos ateliers d'écriture automatique et celui ayant pour titre "Et si?", quelles indications donnez-vous à vos élèves? Merci!

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