J'ai vécu ce matin ma rentrée, et j'ai eu envie d'écrire. Écrire pour rationaliser et apaiser le tourbillon d'émotions qui m'a habitée toute la journée. C'était une belle journée. Mais je sens que j'ai besoin de me ramener à l'essentiel. Ce sera certainement mon leitmotiv cette année. Quel sera le vôtre?
Tout le personnel scolaire fera sa rentrée ces jours-ci. On sera tous plus ou moins déstabilisés - ou bousculés - par les assemblées protocolaires, où une contre-intuitive distanciation de deux mètres nous empêchera de prendre des nouvelles de nos collègues. On oubliera d’enfiler notre masque au moins aussi souvent qu’on oublie nos clés. On devra réaménager les locaux, les salles communes, les horaires et les tâches. Les groupes seront différemment constitués et la direction fera de son mieux pour que tout le monde soit en sécurité et heureux. Autant que possible, certains diront-ils, dans les circonstances. Parce que oui, plusieurs d’entre nous serons mécontents du sort qui nous sera réservé cette année.
Bon.
On en veut un peu à la situation. Les restrictions sont contraignantes. Elles nous obligent à nous adapter d'une manière bien différente de ce qu'amène habituellement le monde scolaire. Il faudra repenser les pratiques d’enseignement, oublier les tâches où les élèves seront à proximité, les cours à option, les voyages et les activités spéciales. Il faudra éviter de faire manipuler du matériel aux élèves, attendre un temps prescrit pour corriger, porter un masque de procédure et une visière au lieu du beau masque coordonné à nos vêtements, déjà pas mal agressant.
Et si nous revenions à l'essentiel?
Il y a une rentrée. C’est notre rentrée, celle qu’on espère depuis plus de 5 mois. C’est notre tour de redonner à la société, d’offrir un avenir légitime à la relève de demain, dans les meilleures conditions possibles. Savourons l’immense chance d’avoir conservé notre emploi durant le crise et de pouvoir vivre cette rentrée tout de même extraordinaire. Certains de nos collègues n’auront pas cette chance. Plusieurs élèves non plus.
Soyons bienveillants les uns envers les autres, mais surtout envers nos élèves. Intéressons-nous à leur ressenti et à leur vécu pendant le confinement. Gardons en tête que plusieurs de ces jeunes ont sans doute vécu des émotions beaucoup trop grandes pour eux pendant ces lourds moments où des parents, sans ressources, peuvent avoir fait des choix malheureux. Rappelons-nous que tous les élèves n’arrivent pas avec un sac rempli du même bagage en ce retour attendu. Soyons patients, attentifs et disponibles. Les élèves auront besoin de retrouver le calme, la sécurité et l’encadrement d’une classe, même différente. Ils sauront s’adapter si nous, adultes, sommes en mesure de les y amener. Ils auront besoin de réapprendre à faire partie d’un groupe après la lourdeur de l’isolement, de trouver la motivation à relever des défis après la vague d’ennui qui les as déconnectés et de faire confiance au système scolaire après avoir entendu ou vécu beaucoup de laid à travers les branches.
Soyons solidaires. Travaillons à reconnecter avec l’humanité si belle et si puissante que nous offrent nos élèves. Ce ne sera pas facile tous les jours; loin de là. Soyons doux envers notre amertume et respectons notre découragement en regard de certaines mesures contreproductives. Vivons et partageons avec vos collègues ces émotions difficiles. Mais revenons toujours à l’essentiel : masque ou visière, local décoré ou partagé, dîners en classe ou divisés, nous sommes tous des humains modèles qui, peu importe les circonstances, ont le super pouvoir immuable de changer la vie de chacun des humains qui ont confiance en nous. Et c’est en revenant à l’essentiel qu’on se rendra compte que tout demeure possible.
Bonne et douce rentrée à vous tous!
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